tu étais où?...
Un passage à vide qui a duré plus de trois semaines.
Comme dans un autre monde..
ailleurs, pas vraiment meilleur.
Et puis, la bascule, et tout revient, la vie, l’espoir.
Comme d’un claquement de doigts, l’envie se réveille…
trois longues semaines..
déprimée…
Sans envies, juste fatiguée, épuisée.
Les scarifications qui sont de retour. Se faire du mal pour essayer d’aller mieux..
Et puis, ma mère, qui s’inquiète, qui m’épuise.. Qui me sur-protège… Qui remet tout en cause.. le traitement, et le diagnostic. Comme si, elle, elle savait.
Ma mère qui me met comme dans du coton, petite chose fragile.
Si tu savais maman, c’est un peu tard pour me protéger.
Tu étais où, quand j’avais besoin de toi ??
tu étais où, quand je souffrais, tu étais où quand j’ai été rejetée. Tu étais où maman, quand j’étais si seule.. seule au monde.. tu étais où quand la vie m’a heurtée, quand la vie m’a blessée.. tu étais où ?..
Et pourtant, à l’époque, j’ai crié, tant et plus, toujours plus.. j’ai crié, mais déjà mon hurlement s’était perdu dans le néant.. tu n’étais pas là… personne n’était là…
et quand maintenant, enfin, depuis un moment je te dis, par exemple, que je n’ai pas de souvenirs de mon enfance, tu ne réponds pas à mes attentes. Quand je t’ai demandé cet album photo, tu ne l’as pas fait. Tu t’es contentée de me laisser le boite à photos, et que je prenne ce que je voulais. Mais l’histoire, l’histoire de ces clichés et de ma vie.. personne ne peut me les conter.
Et quand… quand petite j’étais turbulente, à l’école.. qu’as tu fait ?… vous m’avez laissée, vous les adultes, vous m’avez laissée dans la tourmente, ma tourmente..
et quand j’ai commencé à me taire…
Vous avez laissé faire.
Quand à l’école, tel le cancre, je disais non avec le tête, mais oui avec le cœur.. quand j’appelais à l’aide… personne…
Et la carapace a commencé à se former… et les années passant, elle s’est renforcée..
Tu étais où , quand au collège je suis devenue souffre douleur. Tu étais où… quand tu demandais à Thomas de me surveiller.. tu étais où ?
Tu étais où, quand je me faisais tapée, moquée, humiliée, insultée?
Tu étais où ??.. quand personne n’a bougé. Comme les autres, comme tous les adultes.. il n’y avait personne.
Et moi, du haut de ma douzaine d’années… je souffrais.
Et personne n’était là…
tu étais où, quand j’ai commencé la puberté.. quand j’ai eu honte de saigner… tu étais où pour me dire que ce n’était rien, que c’était normal. Tu étais où, quand me formes sont arrivées.. et que sous des pulls amples je me cachais.
Tu étais où, lors des premiers émois..
tu étais où, quand mes copines me moquaient parce que, je ne connaissais rien, des stars, des musiques, et des émissions télé..
tu étais où quand, si différente des autres je souffrais..
tu étais où ?…
tu peux me dire pourquoi, non seulement vous avez divorcés avec papa… mais qu’en plus, vous trouviez toujours le moyen de vous entre déchirer, de vous engueuler… devant nous. Enfants.
Tu peux me dire pourquoi, pourquoi ???
Moi je peux te dire.. la souffrance de mon enfance…
le déchirement des déménagements, du changement d’école..
Je peux te dire la souffrance…
la souffrance d’une enfant ballottée dans une famille déchirée…
je peux te dire…
La rage et la colère que j’ai contre toi, contre papa.. contre vous mes parents..
je peux te dire..
la souffrance…
les multiples appels à l’aide.. ignorés.
Je peux te dire.. le mal être d’une enfant, qui au fil des ans, est devenu de plus en plus grand…. Le mal être, devenu souffrance indicible…
Je peux te dire, ce que j’ai toujours tu.
La solitude dans cette famille.
Un grand frère avec qui rien n’allait…
Un grand frère qui me martyrisait…
Une petite sœur, qui a pris cette place… ma place…
La solitude, d’une enfant de sept ans. Je peux te dire..
Pourquoi crois tu que je lisais tant et plus. Pour m’évader.. pour vivre. Simplement..
Solitude, d’une enfant… qui a grandit avec ce manque au fond du cœur.
Je peux te dire… ces souvenirs absents.. ces souvenirs de famille. Inexistants.
Et je voudrais tellement les retrouver. Retrouver, ces souvenirs d’une famille unie.. disparus…
Comme incongrus.
Je peux te dire, combien la guerre que tu as mené contre mon père m’a fait souffrir… il ne s’en tire pas mieux que toi là dessus…
Je peux te dire…
Ton absence..
ta non présence à mes coté, quand tout était si compliqué…
et maintenant, comme si tu voulais « réparer » quelque chose..
mais on ne répare pas le passé…
On ne répare pas un cœur cassé.
Ma souffrance, ma douleur était telle… que j’ai voulu disparaître…
Juste m’effacer… puisque, je n’étais pas digne d’être aimée…
cette souffrance immense..
et lorsque j’ai perdue toute confiance en autrui, et surtout en vous tous, les adultes, les éducateurs… ceux porteur de cette autorité… de cette confiance…
vous tous adultes… professeurs aussi, lorsque j’ai compris que personne ne m’aiderai, ne pouvait m’aider… lorsque, dans le silence je me suis enfermée…
alors j’ai commencé à me blesser..
Pour moins souffrir… pour me sentir vivre..
pour exister.. si mon sang si rouge coulait, c’est qu’il y avait encore en moi de la vie..
Ce silence, dans lequel je me suis emmurée. Cet échec scolaire dans lequel je sombrai.. dans cette douce folie, où je me suis enfoncée…
Ce silence criant de douleur et de désespoir..
personne pour l’entendre.. surtout pas toi… maman…
Mais personne…
Et puis d’un seul coup, tout le monde s’est affolé..
Comme si, vous vous réveillez.. comme si, d’un seul coup j’existais..
J’étais devenue une jeune fille désespérée… et d’un seul coup il ne fallait plus que me sauver..