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Chimères schizophréniques
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8 mars 2019

Les urgences psy.... la première fois (Décembre 2004)

Elle est là. Elle attend. Patiente.

Le médecin scolaire est partie.

Ils lui demandent de s’asseoir et d’attendre, ici.

Alors elle attend.

Sa mère devrait arriver. Bientôt, elle rentrerai à la maison.

Pour l’instant, elle est là. Elle attend.

 

Soudain, sa mère rentre dans le service. Un instant, son ventre se desserre, l’angoisse retombe. Ça y est, elle va rentrer. Elle va rentrer à la maison. Ça y est, ils vont la relâcher, ça y est, ils vont s’apercevoir qu’il s’agit d’une erreur, et qu’elle n’a rien à faire là.

 

Mais non, ils ne veulent pas qu’elle rentre, ils ne veulent pas la laisser partir. Ils veulent la garder. En observation, on sait jamais… c’est qu’ils disent.

 

Sa mère repart, sans elle. Et le désespoir l’accable. Elle se sent vide, seule, et elle a peur. Terriblement.

Alors ils lui disent de les suivre.

Elle a encore sur le dos, son sac de cours. Il est lourd. Tout autant que le poids de sa souffrance nichée au fond du cœur. La tristesse. La détresse.

 

Ils lui ouvrent une porte. Cette pièce sera sa chambre.

 

Une chambre blanche, aseptisée. Une chambre sans âme.

Une chambre d’hôpital.

Aussi blanche que leurs blouses, que leurs cachets. Tout ce blanc, tout ce blanc l’agresse. Un blanc violence. Ce blanc qui lui renvoie le noir de sa souffrance. Blanc absence.

Elle observe. Un lit, une table de chevet, une autre table, une chaise… et ce placard. Ce placard qui ferme à clé. Mais, ce qui lui saute aux yeux, c’est la fenêtre. Pas de poignée, et des barreaux, derrière.

 

Elle se demande, à quoi bon tout ça… pourquoi, pourquoi elle est là.

Comment en est-elle arrivée là ??

 

Et dans cette chambre si blanche, résonne l’écho de la souffrance et de la douleur de ses occupants fantômes, de ses occupants d’avant.

 

Elle ne comprend pas. Mais elle est docile. Elle est comme dans un film. Spectatrice.

Petit pantin, marionnette sans filet. Elle n’observe aucune résistance. Elle est là, sans y être. Déboussolée.

Qu’a-t-elle fait ? Elle se le demande.

 

Ils lui disent de passer ce pyjama bleu… bleu poussière, bleu neurasthénique…

ils la laissent seule, le temps qu’elle se change.

Ils reviennent.

 

Toutes se affaires finissent dans le placard. Celui qui ferme à clé. Même son baladeur CD ils le lui ont retiré. Il ne lui reste plus que, ses yeux pour pleurer…

 

elle est enfermée, comme prisonnière d’elle même, elle a des chaînes dans la tête.

 

Mais, cette fois ci, elle est aussi, enfermée physiquement.

Quel crime a-t-elle commis ??

celui de refuser la vie.

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